jeudi 20 mars 2014

Les robots vont-ils remplacer les journalistes ?

Par  Clara-Doïna Schmelck le 19 mars 2014 à 11:30 

Séisme dans l’histoire du journalisme : lundi 17 mars 2014, c’est à un algorithme que le Los Angeles Times a confié la rédaction d’une brève au sujet du tremblement de terre qui a secoué la ville de Westwood, en Californie. Les robots vont-ils bientôt remplacer les journalistes dans leur tâche de rédaction ?

Les robots intégrés au quotidien des rédactions 

On savait les algorithmes capables de décrypter la réaction des consommateurs aux contenus, on les voit maintenant à l’oeuvre, dans une salle de rédaction.
« Ce post a été rédigé par un algorithme créé par l’auteur » : précise un billet du Los Angeles Times qui relatait le séisme de Westwood.
Le journaliste Ken Schwenke a construit un algorithme baptisé Quakebot. Le robot a intégré les données du Centre fédéral d'information sur l'activité sismique, avant de les mettre en forme pour publication automatique avec un titre, une carte de situation de l'épicentre si le séisme touche la Californie. L’algorithme a même été en mesure d’estimer que la magnitude était suffisamment élevée pour en faire une "breaking news".

Depuis quelques mois, le quotidien californien expérimente cette nouvelle façon de traiter les flux rapides d’information, à l’instar des faits divers ou des nouvelles susceptibles de créer le scoop immédiat.

La valeur de l'écriture 
En Europe, The Guardian a intégré lui aussi un robot à son équipe de rédaction, dans l’ambition de lui faire rédiger des articles complexes, avec un angle affiné. Si le "Guarbot" a donné satisfaction en terme de précision, il a déçu les journalistes, qui n'ont pas reconnu dans les productions du robot un contenu proprement éditorial.
Les robots sont certes concis, mais ils ne sont pas dotés d’esprit critique, ni de sensibilité, ni de sens de l’humour. Or, ce sont aussi ces qualités, essentiellement humaines, que les lecteurs, qui sont des humains, tiennent à retrouver lorsqu'ils lisent leur journal.

S’il peut y avoir une équivalence entre une grammaire chiffrée et une syntaxe verbale, et qu’un robot est de ce fait capable de transformer un algorithme en contenu d'information, il n'a pas le pouvoir de remplacer l'effort d'écriture du journaliste.
Le robot-journalisme est-il l'avenir des rédactions ? Rien n'est moins sûr.
Car, à l’heure où les journaux veulent se construire une identité propre pour se démarquer des autres sources d'information, et investissent beaucoup afin de se constituer en marque, la dimension spécifiquement humaine de l’écriture risque de représenter plus que jamais une plus-value fondamentale.

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